La maladie de Parkinson - Des mécanismes moléculaires au traitement des patients
La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente au monde. Elle entraine des symptômes tels que des tremblements, de la raideur, et une lenteur générale dans les mouvements. Au fil du temps, les patients peuvent aussi rencontrer des problèmes pour parler, avaler ou dormir. La maladie touche environ 1000 personnes au Luxembourg et 7 à 10 millions de par le monde. Il est très probable que ces chiffres auront doublé d’ici 2050. Des facteurs environnementaux et génétiques jouent sans doute un rôle majeur dans le vieillissement accéléré et la dégénérescence des neurones dopaminergiques qui caractérisent la maladie. Cependant on ne sait pas encore exactement comment ils déclenchent le processus pathologique.
Au LCSB, la maladie de Parkinson est au cœur de nos travaux de recherche. En mettant à profit les diverses expertises de notre équipe, nous étudions la maladie sous tous les angles afin de mieux comprendre les mécanismes moléculaires qui entrent en jeu. Nous cherchons à répondre à des questions telles que : est-il possible de classer les patients en plusieurs groupes en se basant sur des caractéristiques cliniques et moléculaires ? Quel est le rôle des mitochondries, les centrales énergétiques des cellules, dans la maladie ? Peut-on trouver des marqueurs biologiques dans le sang ou les urines qui permettraient de diagnostiquer la maladie avant l’apparition des symptômes moteurs ? Est-ce que l’utilisation de culture cellulaire en 3D et personnalisées, issues de cellules de peau de patients, pourrait nous aider à trouver de nouveaux traitements ? Comment améliorer les soins existant ? Peut-on prédire comment la maladie va évoluer au cours du temps chez chaque patient ? Quel est le rôle du microbiote intestinal et des facteurs environnementaux dans l’apparition de la maladie ?
L’Étude luxembourgeoise sur la maladie de Parkinson
En 2015, le Fonds National de la Recherche (FNR) a mis en place un centre d’excellence national pour la recherche sur la maladie de Parkinson (National Centre for Excellence in Research on Parkinson’s disease) au sein duquel cinq institutions de recherche luxembourgeoises rassemblent leur savoir-faire. Le LCSB joue un rôle majeur dans ce programme de recherche collaboratif coordonné par le professeur Rejko Krüger. Plus de 1400 volontaires, atteints ou non par la maladie, ont déjà participé à l’Étude luxembourgeoise sur la maladie de Parkinson dont l’objectif est de trouver de nouveaux moyens pour diagnostiquer la maladie plus tôt et de meilleurs traitements. En associant des informations cliniques et psychologiques avec des données moléculaires provenant d’échantillons de sang ou d’urine, les scientifiques du LCSB cherchent à identifier de nouveaux marqueurs biologiques. Ces derniers permettraient de différencier plus tôt les patients des personnes non-atteintes par la maladie de Parkinson. De premiers résultats prometteurs montrent des différences dans la composition moléculaire du sang et dans celle de la communauté bactérienne de l’intestin. Ces différences vont être examinés plus en détail pour déterminer si elles pourraient servir de marqueurs pour le diagnostic. Une banque de cerveau a aussi été mise en place récemment pour faciliter les études scientifiques nécessitant l’utilisation de tissu cérébral.
Améliorer la stimulation cérébrale profonde
La stimulation cérébrale profonde est une option thérapeutique existant pour les patients à un stade avancé de la maladie. Une opération chirurgicale permet d’implanter des électrodes dans des zones précises du cerveau des patients. Ces électrodes servent à gérer, via une activité électrique, certains symptômes comme les tremblements ou la rigidité musculaire. Des chercheurs du LCSB travaillant avec le professeur Jorge Gonçalves, ingénieur de formation, et le professeur Frank Hertel, neurochirurgien, ont développé des outils informatiques qui aident à positionner les électrodes plus précisément et à ajuster la stimulation électrique. Dans le futur, ils souhaitent mettre au point un dispositif, incluant de nouvelles électrodes et des capteurs, afin de détecter la quantité de dopamine sécrétée dans le cerveau et d’évaluer les tremblements du patient. Utiliser ces informations en temps réel permettrait d’adapter à tout moment la stimulation électrique aux besoins de chaque patient.
Des soins intégrés et centrés sur le patient
En plus de la recherche, le LCSB souhaite aussi améliorer les soins que les patients reçoivent actuellement. En 2017, nous avons mis en place ParkinsonNet Luxembourg, un réseau basé sur un concept de soins intégrés inventé aux Pays-Bas. ParkinsonNet forme les professionnels de santé – kinésithérapeutes, orthophonistes et ergothérapeutes par exemple – à la prise en charge des patients parkinsoniens selon des recommandations internationales. Le réseau facilite aussi les échanges entre les différentes professions impliquées. Ce réseau place les patients au centre et leur simplifie l’accès à des soins spécialisés.